• La fille qui pleurait sous son parapluie

    Un jour sans. Encore un, c’est ce qu’elle dit. C’est ce qu’elle dit pour se mentir. Accuser le coup, la vie piétine, le temps défile, vie mise sur pause, attendre la vie. 16h38, mis nez dehors après word remis en page et quelques mails vite expédiés. Vite rentrer, le temps est triste, l’humeur maussade, le ciel est gris de larmes…la fille aussi. Chaussure trouée, chaussette mouillée, parapluie déployé histoire de passer entre les gouttes…

    La fille qui pleurait sous son parapluie vient de rejoindre sa bulle solitaire, elle regarde  ses pas qui coulent dans la rue, pieds mis sur marche automatique, elle contemple l’autre bulle, celle d’un monde en marche, avec cette atmosphère si particulière des jours de pluie. A la sortie des écoles, les mères s’agitent pour rassembler leurs tous petits, emmitouflés dans leurs kit « jour de pluie »,  alors la fille sous son parapluie esquisse un sourire, et se dessine secrètement le croquis d’une future vie, les petites mains de Jules et Lili bien au chaud dans sa main, sa vie. Les rues sont vident les jours de pluies, des silhouettes passent à toutes vitesses, disparaissent aux coins des rues, rejoindre leurs chauds foyers, et puis quelqu’un à qui parler…Les voitures s’essuient les larmes au rythme déchainé des essuie-glaces, même les chiens passent leurs chemins, pas l’temps de passer dire bonjour aux copains du coin. Le monde tourne à toute vitesse, les jours de pluie ont cette magie, les ptites fourmis sous leurs parapluies s’affolent, vite à l’abri…Haha ; il doit bien se marrer lui là haut !

    Mais la fille qui pleurait sous son parapluie aiment ces jours de pluies, et replie soudain son parapluie. Elle prend une grande inspiration, reprend le pilotage manuel de ses pas, la marche a ralentie, elle lève la tête les yeux fermés, et se laisse embrasser par les gouttes. Là elle sent qu’elle existe, dans ces moments où elle est triste, elle savoure cet instant, juste une seconde suspendue dans le temps, le chagrin du ciel la fait se sentir en vie. Oui, là, dans cet instant, dans un instant comme celui-ci elle se sent vivante, mais le temps reprend son temps, la fille redéploye son parapluie ; « Il faut que je rentre maintenant, oui c’est ça, rentrons. »

    « Valentine’s day ou l’art de vous ramener à votre solitude.La souris danse »

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